Rachid Taha

 
Rachid Taha. Source: Wikipedia

Rachid Taha (arabe : رشيد طه), né le à Saint-Denis-du-Sig (actuelle Sig, en Algérie) et mort le aux Lilas (Seine-Saint-Denis), est un chanteur et musicien franco-algérien ayant vécu la majorité de sa vie en France.

Le jeune conteur et chanteur en arabe, nostalgique de sa terre d'enfance souvent chaude et poussiéreuse, improvise sur des musiques New wave et participe de 1980 à 1982 à la création du groupe « Carte de Séjour » à Lyon. Un premier album en 1983, la reprise en 1985 de la chanson « Douce France » confèrent à cette formation une reconnaissance internationale.

Séparé de son groupe musical lyonnais à partir de 1989, Rachid Taha résidant à Paris ou dans sa périphérie, mais grand voyageur, poursuit une carrière solo, qui lui confère une notoriété exceptionnelle sur les scènes du monde, bien supérieure à celle de l'Hexagone. Sa musique est inspirée par différents styles qu'il a contribué à renouveler, tels que le raï, le chaâbi, la techno, le rock 'n' roll dans le contexte qui a suivi le mouvement punk avec la vague new wave au début des années 1980.

Biographie

Origines et famille

Ali Chérif Taha, père de Rachid originaire de Sidi Aïch (dans la région de Béjaïa) familier de la musique égyptienne et sa mère Aïcha originaire de Mascara appréciant le raï se sont rencontrés dans le district d'Oran. Son père s'exile seul d'abord pour trouver un emploi dans l'industrie textile vosgienne. Il s'installe d'abord à Sainte-Marie-aux-Mines en Alsace bien avant d'y faire venir sa famille. Lorsque Rachid, déraciné de l'Oranais, est à peine arrivé en France, à neuf ans, son père est engagé par le tissage Decouvelaere à Lépanges-sur-Vologne dans les Vosges. Tout le reste de la famille ne tarde pas à le rejoindre dans la vallée de la Vologne en 1968 et habite dans la cité ouvrière. Il fréquente les classes de transition de l'école laïque et étudie au lycée Jeanne d'Arc de Bruyères. À cette époque, il apprend réellement à écrire l'arabe et parler l'arabe littéraire, notamment en écoutant les chansons d'Oum Kalthoum appréciées par son père. Rapide et vif, Rachid a aussi une jeunesse sportive et insouciante : il est gardien de l'équipe de hand-ball de Lépange et joueur de football au club voisin de Cheniménil. Comme le maillot de l'équipe était invariablement vert, et qu'il avait les cheveux longs, les déboulés de l'ailier droit, combattant infatigable qu'il était au service du collectif, l'ont fait surnommer Rocheteau, selon ses dires. De ce temps de jeunesse, Rachid analysait plus tard : « Jusqu'à la crise du textile, les Vosges, c'était pour nous comme une petite Amérique ». Le samedi soir, avec ses copains du même âge de la vallée de la Vologne, le jeune homme sortait s'amuser en boîte de nuit à Gérardmer. Ses copains vosgiens de Lépange, parmi lesquels le fils du tenancier du « Bar-restaurant de L'Est », Gérard Parisse, avait remarqué sa prédilection pour les bals animés par des orchestres, à l'instar de celui de Claude Poutot souvent présent dans la Vallée des Lacs[Laquelle ?]. Rachid restait captivé par les grandes javas, les musiques ayant les faveurs locales et la danse qui les illustrent. Mais nul compagnon d'alors n'avait prévu qu'il deviendrait chanteur, malgré son admiration pour Léo Ferré et Joe Dassin.

Chaque année, depuis qu'il est en France, sa famille retourne en été dans la région d'Oran. Rachid se souvient des longs voyages vers le pays natal car son père conducteur exigeait qu'il reste éveillé pour lui lire les panneaux de circulation. Il a la double nationalité franco-algérienne.

Carrière

Il entame des études de comptabilité. À 19 ans, il part chercher du boulot, quitte les Vosges en crise et persévère dans la vente de livres de littérature française au porte à porte pendant dix-huit mois. Après cette période indépendante et solitaire, il rejoint ses parents qui habitent désormais les Minguettes à Vénissieux, près de Lyon, car son père licencié pour raison économique, a quitté avec sa famille la cité ouvrière vosgienne. Le jeune homme erre de stages en petits boulots, découvre le racisme ordinaire des milieux fortement urbanisés, s'improvise DJ « pour se défouler et passer sa colère » comme il le dira.

Rachid Taha s'installe en 1981 à Rillieux-la-Pape, où il travaille à l'usine Therm'x, c'est-à-dire chez Majorette, où Rachid nettoie les petites voitures avant emballage. Il rencontre deux opérateurs chez Majorette, Mohammed et Moktar Amini. Rachid Taha voudrait être batteur, mais Mohammed et Moktar l'incitent plutôt à écrire des textes et à chanter ses paroles. Ainsi ils forment ensemble, après des essais laborieux dans un grenier de banlieue le projet en 1980 du groupe Carte de séjour. Le groupe prend une forme définitive en 1982 avec Jérôme Savy. L'ensemble prône la tolérance envers les immigrés et participent notamment à la Marche pour l'égalité et contre le racisme de Marseille à Paris.

En 1982, Rachid Taha et ses amis organisent des soirées où se retrouvent la jeunesse lyonnaise, au son des musiques du monde, indiennes, africaines... et du rock anglais, dans le local de répétition du groupe, sur les pentes de La Croix-Rousse, à Lyon. Le groupe sort un premier album intitulé Rhorhomanie en 1984.

En 1986, Rachid Taha et Carte de séjour reprennent Douce France, une chanson que Charles Trenet interprétait en 1943 pour soutenir le moral des prisonniers français et des jeunes gens réquisitionnés pour le STO dans les territoires du Troisième Reich. L'album du groupe a été distribué aux députés de l'Assemblée nationale.

Le groupe se dissout en 1989 et Rachid Taha, quittant progressivement Lyon, avec la compagnie créatrice de Steve Hillage, entame une carrière solo avec la sortie de son premier album Barbès en 1991.

En mai 1998, il sort Diwân futur disque d'or, qui compile des compositions chaâbi du chanteur de l'immigration des années 1970 Dahmane El Harrachi (le mythique Ya Rayah), de Hadj El Anka, de Akli Yahyaten, ainsi que Nass El Ghiwane et Farid El Atrache. Rachid Taha revendique fréquemment l'héritage de Cheikha Remitti, dont il a repris de nombreux rythmes et mélodies. Quelques mois plus tard, en novembre 1998, il sort l'album live Un, deux, trois soleils en compagnie de Khaled et Faudel (notamment sur les tubes Ya Rayah et Abdel Kader). Il devient un chanteur mondialement connu notamment avec le titre Ya Rayah. En , une réédition de l'album comprend deux titres supplémentaires dont la reprise de la chanson Comme d'habitude de Claude François.

Il enregistre avec Alain Bashung le titre Ode à la vie qui est publié sur la compilation Climax.

Il reçoit sa première Victoire de la musique en 2001.

En 2004, il sort l'album Tékitoi, qui reçoit un bon accueil dans la presse en France et aux États-Unis. Cet album reprend le tube Rock the Casbah du groupe punk britannique The Clash, dans une adaptation Rock el Casbah qui est unanimement acclamée, : Mick Jones ayant déclaré préférer la version de Taha, qu'ils ont chantée ensemble plusieurs fois sur scène, notamment lors d'une session de l'émission Taratata sur France 4.

En 2008, Rachid Taha interprète le rôle principal de Là où je pense, un court-métrage de Bénédicte Portal, réalisé à l'occasion de la collection Écrire pour un chanteur, lancée par Canal+. Cette même année, il collabore avec Rodolphe Burger pour le titre Arabécédaire et publie son autobiographie, Rock la Casbah.

Dans deux entretiens publiés en 2006 et 2007, Rachid Taha a signalé avoir entrepris des démarches en vue d'obtenir la nationalité française,, et déclare en 2010 « se sentir totalement français ». Pourtant dans Rock la Casbah, publié en 2008, il affirme n'avoir jamais voulu demander la nationalité française en mémoire de son oncle tué par les militaires français pendant la guerre d'Algérie. En 2012, il assure ne toujours pas avoir la nationalité française.

En 2013 sort son neuvième album solo, Zoom produit par Justin Adams, qui contient notamment des hommages à Elvis Presley et Oum Kalthoum. Avec cet album, Rachid Taha fait encore une fois le tour du monde en donnant des concerts. Il s'entoure de nouveaux musiciens : Maxime Delpierre (guitare), Juan de Guillebon (basse) et Kenzy Bourras (claviers). Les autres, fidèles au chanteur, complètent l'équipe : Guillaume Rossel (batterie), Idriss Badarou (basse) et Hakim Hamadouche (mandoluth).

En 2015, Rachid Taha écrit en collaboration avec Kenzy Bourras des musiques de films français et fait aussi des apparitions dans ces films. Toujours en 2015, il reçoit un trophée des Victoires de la musique pour l'ensemble de sa carrière. En 2017, tout en donnant des concerts, il s'associe avec son ami Rodolphe Burger et crée le groupe CousCous Clan. Un nouveau batteur, Franck Mantegari, remplace Guillaume Rossel à ses côtés. En 2018, il se produit à l'Institut du monde arabe à Paris pour donner un concert unique en hommage à Dahmane El Harrachi.

Rachid Taha a beaucoup collaboré avec le guitariste britannique Steve Hillage du groupe Gong, ce dernier a produit huit de ses albums en plus de jouer la guitare et de s'occuper du mixage sur plusieurs d'entre eux.

Maladie et mort

Rachid Taha a affirmé souffrir de la maladie d'Arnold-Chiari, diagnostiquée vers 1987. Il déclare : « J’en ai marre que les gens me prennent pour quelqu’un de « bourré » sur scène. Alors que ce sont les symptômes de la maladie d’Arnold-Chiari. Je titube, car je perds l’équilibre. Je vacille. Cela génère un dérèglement dans le corps. »

Rachid Taha meurt dans son sommeil dans la nuit du 11 au , aux Lilas (Seine-Saint-Denis),, des suites d’une crise cardiaque.

Il est enterré à Sig. Ses amis lui rendent un hommage à Paris alors que la mort de l’artiste continue de susciter de nombreuses réactions en France, pays où il est arrivé à l’âge de dix ans,.

Discographie

Avec Carte de séjour

  • 1983 : Carte de séjour (maxi 45 tours)
  • 1984 : Rhorhomanie
  • 1986 : Deux et demi

En solo

Albums en public

  • 1998 : Un, deux, trois soleils, avec Khaled et Faudel (notamment avec les chansons Ya Rayah et Abdel Kader), réédité en 1999 avec deux titres supplémentaires
  • 2001 : Rachid Taha Live

Compilations

  • 1997 : Carte blanche
  • 2007 : The Definitive Collection
  • 2011 : Voilà voilà le Best Of
  • 2023 : Cékilui

Publication

  • 2008 : Rock la Casbah, rédigé par Rachid Taha avec Dominique Lacout, Pop culture, Flammarion, février 2008, 348 pages.

Filmographie

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb. Rachid Taha a composé quelques bandes originales pour le cinéma ou la télévision :

Il a également joué dans quelques productions :

  • 1990 : Le Lyonnais (série télévisée), épisode Taggers de Cyril Collard : Ali
  • 2008 : Écrire pour un chanteur (série télévisée), épisode Là où je pense de Bénédicte Portal : Rachid
  • 2010 : Between Two Fires d'Agnieszka Lukasiak (en) : le chanteur
  • 2012 : Cheba Louisa, film de Françoise Charpiat : lui-même
  • 2017 : Terrain vague (court métrage) de Latifa Saïd : le chanteur

Notes et références

Bibliographie

  • Jean-Marc Toussaint (rédacteur), "Rachid Taha, le pape de la musique pluriethnique", in Vosgiens d'ailleurs, 100 portraits d'hommes et de femmes qui réussissent en dehors des Vosges, Les cahiers de La Liberté de l'Est, n°3, éditions La Nuée bleue, Strasbourg, 144 pages. En particulier, p. 84-87.

Annexes

Émission de radio, présentation sur site de média télévisuel

  • Rachid Taha, chanteur crossover (1958-2018), par Péroline Barbet et Vincent Decque, émission Une vie, une œuvre, France Culture
  • Biographie musicale sut TV5 Monde

Autres liens externes

  • Site officiel
  • Ressources relatives à la musique :
    • AllMusic
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